Quand on parle d’accouchement on en revient toujours à la même question « avec ou sans péri » ? Lorsqu’on me posait cette question, j’avais immanquablement l’impression qu’on me demandait si je souhaitais de la sauce ou non avec mes frites ..
Pour le premier c’était « PERI! PERI », dans ma tête c’était clair je n’allais pas supporter la douleur. J’avais tellement entendu dire que pour un premier c’était long, qu’on ne savait pas à quoi s’attendre, qu’un accouchement c’était la pire douleur qu’il soit « Pourquoi tu veux souffrir alors qu’ils ont inventé la péridurale ?? » Sans évoquer la phrase qui te décide à coup sur » tu savais que le périmètre crânien moyen d’un bébé est de 35 cm ? Non je ne savais pas …Bref tout pour me convaincre que la péri, c’est un cadeau venu du ciel. Et puis, je ne voulais pas offusquer toutes les femmes de la génération de ma mère qui n’avait pas eu cette chance !
Sauf qu’en fait tout ne s’est pas passé comme je le voulais à l’accouchement..
Acte I : mon premier accouchement
Pour commencer il faut que je rétablisse la vérité, à toutes celles qui disent que la péridurale c’est instantané. Mais les filles pourquoi vous dites ça ?? J’y ai cru moi ! (On sent le lapin de 6 semaines quand même…)
Avant d’accoucher pour mon premier, je pensais naïvement que dès lors qu’on te pique tu revis. Bah oui, « La péri c’est magique » « Tu verras, tu vas TOUT de suite sentir la différence ». Je vous l’accorde, j’ai noté surement une différence : j’ai fait une sieste d’une heure juste après! Seulement, vous en faites quoi des 12 minutes à coup de contractions toutes les 2-5 minutes avant que ça agisse?
Et puis je ne parle pas de la descente dans le bassin du bébé. Étant donné que, je m’attendais à ne plus avoir de douleur, je n’ai pas bien compris pourquoi j’avais encore si mal dans le dos.. (euh ce n’est pas dans le ventre qu’on est sensé avoir mal ? Mn(on)oui, le plaisir c’est que ça se diffuse).
Malgré ma brillante idée d’appuyer sur le bouton plusieurs fois d’affilée pour avoir un max de produit, j’avais la machine qui diaboliquement ne me donnait rien! J’avais en plus cette petite voix qui résonnait à chaque tentative désespérée pour avoir ma dose « Vous ne pouvez délivrer du produit que toutes les 12 minutes Madame » Encore 12 minutes ????
Ah et je vous ai parlé des 1h d’attente avant que l’anesthésiste arrive ou des 15 minutes de préparation avant qu’on vous la pose ?
Heureusement, je n’ai pas eu de « complications » liées à la ponction du type analgésie incomplète, maux de tête etc
Donc en résumé la péri ça réduit nettement les douleurs et c’est tant mieux surtout si comme moi vous avez négligé le cours sur la gestion de la douleur en vous disant de toute manière il y a la péridurale « tu vas voir c’est magique » .. (presque magique hein^^)!
Et puis il y a eu l’accouchement, les médecins n’ont pas vu tout de suite que mon périnée était trop tonique, moi non plus puisque j’avais la péri, ce qui a conduit à quelques mésaventures pour mon petit fruit de la passion.. Dur dur comme arrivée parmi nous!
Acte II : Ma deuxième grossesse
Je tombe enceinte et forcément la question avec ou sans ketchup se repose pour l’accouchement. Contrairement à mon premier j’avais vraiment envie d’essayer un accouchement dit physiologique mais je gardais toujours quelques réserves quant à ma capacité à résister face à la douleur .
Je ne vais pas dire que je n’y avais pas pensé pour le premier mais j’ai été bien trop attentive aux discours négatifs des gens autours de moi pour avoir la force et le courage de le faire. Pire que cela, à cette époque j’étais moi-même vecteur de ce discours. Je me revois encore assise à côté de mon amie enceinte de quelques mois de plus, lui saper son moral et son initiative en lui disant qu’elle ne connaissait même pas la douleur d’une contraction comment pouvait-elle s’imaginer accoucher sans péri ?
Quand finirons nous de douter de nos capacités? Quand réaliserons nous que la confiance en soi n’est pas innée ?
L’auto-dévalorisation est un symptôme récurrent, surtout chez les femmes et à travers le monde, depuis des siècles, causées par nos cultures, nos religions et la société.
Prisonnières de nos schémas, dictées par la peur de notre propre échec nous ne nous cantonnons pas seulement à nous saborder mais nous nous appliquons à le faire aussi autour de nous ..
Moralité, sachez bien vous entourer et n’écoutez que les personnes qui vous poussent à réussir et à vous dépasser! N’ayez pas peur d’aller rencontrer de nouvelles têtes qui partagent ou ont partagé les mêmes objectifs.
Bon fini le paragraphe réac place à mon expérience pour accoucher sans péri! J’avais en tête pour cette deuxième grossesse d’essayer différentes activités dans le cadre des 8 séances de préparation à l’accouchement (prises en charge à 100 % par la sécurité sociale.)
Sophrologie (la science du sssssouffle)
Je ne suis pas une très grande adepte de toutes les activités qui me demande de me canaliser. Quand ma sage-femme nous a proposé de faire la séance en couple j’ai dit oui sans grande conviction.
La première séance j’ai rigolé et je m’agitais. La deuxième j’étais clairement perplexe. Mais la troisième je l’ai écouté attentivement, je nous ai écouté foetus et moi attentivement et puis je me suis laissée bercer par cette histoire de sable, de vague et de tsunamis
Haptonomie (le toucher affectif)
Quesako ?? L’objectif de l’haptonomie est de créer un contact enfant-parents par des techniques de toucher/caresses. Le bébé perçoit à travers la paroi utérine et du ventre les caresses prodiguées par l’un ou les parents et y répond.
Pour dire la vérité nous n’avons pas accroché tout de suite. Lors de la première séance (pour changer) nous avons ri intérieurement et pris un gros fou rire après. Nous avions l’impression que la sage-femme était complètement perchée, elle nous parlait de velours, jardin et maison tout un monde imagé et très loin de notre pensée terre à terre..
Les premières séances se déroulent généralement lorsqu’on ne sent pas encore bébé bougé donc difficile d’imaginer qu’il y est sensible..
Comme je ne souhaitais pas utiliser toutes mes séances dans l’haptonomie nous avions convenu que nous réaliserions 3 séances à des étapes différentes de la grossesse. Bingo c’est exactement ce qu’il nous fallait. Juste assez pour comprendre le concept et m’aider à nous écouter (foetus, El rey et moi)
Passés les fous rire de la première séance nous avons appréhendé les cours suivants avec bien plus de sérieux et d’intérêt. La professionnelle a su non seulement donner des clés au Rey pour qu’il puisse prendre sa place et assume pleinement son rôle pendant l’accouchement ou les examens.. mais aussi elle m’a permise de me « connecter » à mon corps et à Fœtus fruit de la passion.
Je peux le dire c’est suite à ces séances que j’ai enfin osé toucher mon ventre en public … (hum oui je le conçois on a un gros problème pour assumer en public nos gestes de tendresses on est bien trop stupide pudique…)
Mes diverses lectures
- Maïtie TRELAÜN, J’accouche bientôt Que faire de la douleur, Editions Le souffle d’or
Un petit bijou pour accoucher sans péri ou pas d’ailleurs! Il n’a pas pour but de vous donner des solutions mais plutôt des clés pour comprendre d’où vient la douleur, accepter ce qui se passe dans son corps et annihiler ses résistances (culture, histoire de famille, notre propre naissance) .
« La douleur est un maître implacable qui s’attache à nos résistances. Plus on résiste, plus elle s’intensifie jusqu’à devenir souffrance » p.95
L’auteur.e, à travers sa longue expérience de sage femme, va tenter d’expliquer de long en large tout le mécanisme émotionnel, social et physiologique de l’enfantement en revenant sur chaque étape par laquelle la femme et l’enfant vont passer tout en nous incitant à nous poser des questions. Le dernier chapitre est réservé aux témoignages de couples. Je vous recommande cette lecture quel que soit votre choix.
- Et puis j’ai trouvé sur le web un témoignage tordant mais qui je l’avoue peut faire peur ( heureusement ça n’est pas du tout comme ça que je l’ai vécu ahah)
MagicMaman, Testé pour vous : l’accouchement…sans péridurale
j’ai tellement ri que j’en ai pleuré! Le récit de cette journaliste m’a permis de dédramatiser l’accouchement et de me conforter dans l’idée que je pouvais y arriver. C’est une lecture à faire partager au papa !
Ma fierté et mon esprit de contradiction
Fille de méditerranéen, j’ai hérité du sang chaud et du devoir de conserver sa fierté coute que coute. Je dois reconnaître que ce n’est pas toujours une qualité mais je travaille la dessus..
Quand j’ai pris la décision d’accoucher sans péridurale, je savais qu’il me fallait tout un tas de leitmotiv pour arriver au bout. J’en ai trouvé pas mal dans le livre de Maïtie TRELAÜN, dans mon premier accouchement mais il me fallait quelque chose qui puisse me faire passer le cap de la résistance : MA foutu fierté !
Alors j’en ai parlé de ce souhait d’accoucher sans péridurale, à TOUT LE MONDE, sans aucune restriction! Me connaissant (cela est bien personnel) j’aurais bien eu trop honte de ne pas y être arrivé sauf raison médical cela va de soi ..
Et puis il y a eu toutes ces personnes hyper négatives : » Si tu as vraiment mal prend la péridurale » » Je ne comprends pas pourquoi tu veux souffrir moi j’ai souffert pendant 48h parce que la péridurale n’existait pas ». « Si tu n’y arrive pas ce n’est pas grave, il y en a très peu qui arrive ». Mais le pire ce sont les petits tacles du corps médical « Si vous y arrivez », « hum hum sans péridurale je le note mais bon ».
Il ne m’en fallait pas plus pour me mettre grave la hargne. » Je vous remercie pour votre soutien et votre confiance en mes capacités mais à bon entendeur salut! » Eh oooooo ça vous arrive de faire croire que vous y croyez juste un petit peu à mon projet ?
C’est surement un excès de fatalisme je vous l’accorde alors ne leur donnez pas raison !
Pourquoi choisir de se faire accompagner
Ma sage-femme c’est la meilleure, certes elle n’a pas d’enfant et donc parfois son discours reste trop théorique mais elle accompagne comme personne la volonté de sa patiente du désir, à la préparation en passant par la magie de la naissance, à l’après accouchement. Elle nous écoute, écoute, écoute comme si on était chez le psy surtout quand on a des doutes, des déceptions et nous aide à les accepter.
C’est un peu notre deuxième maman. Je vous conseille d’être suivi dès le début ou au moins de la préparation à l’après car qui pourra mieux vous comprendre et vous accompagner qu’une personne qui vous connaît ?
Sages-femmes c’est l’un de ces métiers que j’estime le plus.
Bon à savoir : Vous souhaitez avoir un accompagnement plus poussé. Pourquoi ne pas envisager d’être accompagné par une Doula? Ces femmes qui n’ont aucune fonction médicale ou de thérapeute, juste le don d’accompagner les femmes et leur entourage dans la grossesse, l’accouchement et la période postnatale de part leurs expériences et leurs formations.
Ma trousse d’homéopathie
Connaissant mon projet d’accoucher sans péridurale, ma sage-femme nous avait donné une liste longue comme mon bras de tubes d’homéopathie pour l’avant / pendant / après. Je dis bien Nous car je comptais bien sur El Rey pour me soutenir dans ces moments et être mon fournisseur de dose d’homéopathie officiel.
Pendant l’accouchement je devais par intervalle de 10 minutes prendre une dose autant dire que ce n’est pas moi qui allait gérer ça….
Je ne sais pas si ça été efficace par contre de savoir que j’avais El Rey qui prenait très à cœur son rôle et qui s’occupait de moi, ça m’a permise d’être zen et de rester concentrée.
Le jour J
Nous avions choisi une maternité dite « Ami des bébés ». Elle dispose d’une salle « nature », les équipements sont un peu différents d’une salle classique car il n ‘y a pas de lit d’accouchement avec des étriers mais un lit normal (j’aime dire un lit où l’on peut faire une bonne partie de jambes en l’air … à plusieurs, une baignoire, des ballons, des ‘lianes en tissu’ accrochées au plafond pour se suspendre pendant le travail , un monitoring sans files.. en bref tout un armada de matériel pour adopter toutes les positions et se sentir comme à la maison.
Nous avions apporté notre musique du moment.
Sans aucune contrainte j’ai pu enchaîner les positions pour finir finalement debout pour l’expulsion!
Pendant toute la durée du travail et à chaque contraction je me resservais de tout ce que j’avais appris et lu. Je tentais de guider ce petit fruit vers la sortie en visualisant et préparant chaque partie de mon corps à son arrivée. J’étais à la fois hyper concentrée et hyper détendue , je me suis même surprise à faire des petites blaguounettes entre les contractions et cela même quand elles étaient espacées d’à peine une minute. Je vous raconterai plus en détails tout cela dans un prochain billet 😉
On remet ça ?
Sans aucune hésitation demain je recommence ! Façon de parler ^^
Accoucher sans péri c’est apprendre à apprivoiser la douleur
Accoucher sans péri c’est se surpasser
Accoucher sans péri c’est vivre son accouchement
Accoucher sans péri c’est une expérience inoubliable